Dégustation, Honduras, , ,

Alec Bradley Prensado Churchill: subtil.

Dimanche soir froid, pluvieux et venteux. Moment idéal pour une petite dégustation bien au chaud dans mon bureau-fumoir. Mon choix se porte sur un Alec Bradley Prensado, un Churchill de 17,8 cms pour un diamètre de 1,9 cms. Il s’agit d’un bâton fabriqué au Honduras depuis 2009, dans la manufacture Raices Cubana à Danli. J’en possède deux exemplaires dans mon humidor depuis deux ans, il est temps d’en sacrifier un pour mon plaisir…

La cape, de couleur maduro foncé, grasse, vient du Honduras, la sous-cape provient du Nicaragua et la tripe est un mélange issu de ces deux pays. C’est une jolie vitole, à la finition impeccable, assez dure, légèrement pressée avec une forme quasi carrée. Je vais la déguster tout seul (une fois n’est pas coutume), accompagnée d’un thé Limancho Bio, un mélange de thé vert et noir qui offre des arômes de riz grillé, d’amandes et de citron. 

Je l’ai coupé bien droit, avec une guillotine à une seule lame. Le tirage à cru me semble assez serré et laisse passer des senteurs de poulailler. Je l’allume, sans la moindre difficulté, avec mon briquet torche fétiche, un Zino à une seule flamme. Surprise: le tirage est directement plus aisé qu’il ne l’était à cru mais les premières bouffées révèlent… rien !  Il en est ainsi tout au long du premier centimètre. La fumée, elle, est assez dense. La cendre se révèle d’une couleur gris assez foncé.

Il me faut donc quelques minutes pour profiter enfin d’arômes doux, crémeux et caramélisés. Des arômes qui se révèlent par à-coup, mais pas de façon constante. La combustion est uniforme, du moins au niveau de la tripe et de la sous-cape,  la cape ayant de son côté tendance à laisser de petits morceaux noircis se détacher et salir mon bureau. La fumée emplit maintenant parfaitement le palais, laissant un goût terreux et de cuir. Des notes de caramel se font insistantes et perdurent plus longuement en bouche. Ce cigare me semble agréable mais bizarrement, c’est plus sa fumée qui me plaît que le goût en bouche. Les arômes, bien qu’agréables, ne sont pas vraiment flagrants. La cendre, qui semblait compacte au départ se disperse ensuite dans tous les sens et je dois faire attention à la déposer à temps dans le cendrier. On reste toujours sur du crémeux, légèrement caramélisé. 

Ensuite, à l’entame du dernier tiers, ça change. Chêne, bois brûlé (j’aurais bien vérifié le tirage du poêle à bois mais il n’y en n’a pas dans mon bureau), et la puissance vient presque d’un coup. Du piquant apparaît, de façon assez importante mais inconstante, ça va, ça vient. Aussi du poivre fort. Très loin d’être désagréable, du moins en ce qui me concerne. Le poivre, maintenant, est persistant.

Il est temps d’enlever la bague, ce qui se fait sans le moindre problème. Je déteste les bagues collées sur la cape qui abîment. celle-ci lorsqu’on la retire. Le système autocollant adopté par Alec Bradley empêche ce souci, tant mieux !

Je dégaze, plus pour voir ce que ça va donner que par réelle nécessité. La sensation de poivre est moins forte et un goût de chocolat noir prend le dessus. La force est toujours bien présente, après une heure et demie de dégustation. J’y prends tellement de plaisir que j’utilise ma « pique » pour prolonger celui-ci le plus longtemps possible…

Une heure trois quarts en tout pour ce test savoureux.Qu’en penser? Si on excepte la qualité de la cendre qui s’éparpille régulièrement, un réel plaisir. Une envie d’y revenir. Un mélange subtil d’arômes qui vont et qui viennent, avant une explosion de force, laisse l’impression que tout avait été mis en oeuvre pour y arriver.